Le concours de l’Eurovision c’est comme la fondue et le velcro ; c’est une invention Suisse !
En fait, c’est très suisse comme concept. Chacun chante dans sa langue, français, allemand, italien, on ne comprend pas les paroles, mais ce n’est pas grave, c’est normal. Il faut chercher à comprendre le message. Jean-Marc Richard, le commentateur, nous donne quelques informations. Puis, on regarde avec un esprit ouvert et tolérant…
Et à la fin, on peut voter pour notre candidat préféré !
Après la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945) les pays d’Europe de l’Ouest se rapprochent. Ils créent l’Union européenne de radio-télévision (UER). Marcel Bezençon, directeur de la radio-télévision suisse (SSR), a l’idée de créer un programme de télévision diffusé en direct dans tous les pays : un concours de la chanson, comme celui de San Remo.
Le tout premier concours de l’Eurovision a lieu en Suisse, à Lugano en 1956. Sept pays y participent : l’Allemagne de l’Ouest, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suisse.
Et vous savez qui a gagné le premier Eurovision ?
C’était la Suissesse Lys Assia avec la chanson Refrain.
La deuxième victoire de la Suisse arrive en 1988 avec la chanson Ne partez pas sans moi, interprétée par Céline Dion. Vous avez raison: Celine Dion n’est pas suisse, elle est québecoise. Mais le compositeur de la chanson et l’auteur des paroles étaient suisses, alors c’était permis!
En 2024, Nemo, chanteur d’opéra et de rap, remporte la troisième victoire de la Suisse en tournant sur une énorme toupie géante. Puisque Nemo a gagné en 2024, c’est au tour de la Suisse en 2025 d’organiser le concours, concrètement à Bâle.
Mais… pas si vite. La Suisse est une vraie démocratie.
Ce n’est pas parce que quelques millions d’européens ont voté que la Suisse doit organiser le festival, qu’on accepte de le faire.
À Bâle, le parti ultraconservateur UDF, parti qui s’appuie sur la Bible, a regardé l’Eurovision 2024 et n’a pas du tout aimé la mise en scène de la chanson Doomsday Blue. Bambie Thug porte des cornes et danse avec un démon sur une étoile satanique illuminée avec des bougies. Et puis, le gagnant est un homme qui s’appelle comme un poisson - Nemo - et qui porte une jupe rose.
La chanson de Nemo, The code, fait référence au code binaire, qui se limite à deux chiffres : soit le 0, soit le 1. Nemo est non binaire : ni homme, ni femme.
Donc, l’UDF a récolté assez de signatures pour lancer un référendum à Bâle contre le crédit de 37,5 millions de francs pour l’organisation de l’Eurovision. Ses raisons : la propagande LGBTQ+, le satanisme et l’antisémitisme.
Vous aurez deviné qu’ils ont perdu la votation. 66, 57 % des Bâlois ont voté «oui».
Mais nous n’avons pas honte d’avoir gaspillé du temps et de l’argent public sur une votation qui n’était pas nécessaire. En Suisse nous sommes fiers que tout le monde ait pu donner son avis, même l’UDF, et parce que c’est la première fois que des citoyens ont pu voter pour dire qu’ils voulaient l’Eurovision.
Mais revenons aux chansons. Cette année, nous avons quatre chansons en français.
Louane est devenue orpheline à seulement 17 ans. Sa mère est décédée en 2014, un an après son père.
Maman est une ballade, une chanson lente, très émotive et mélancolique. Elle parle à sa mère de sa tristesse, puis de comment elle a grandi et s’est reconstruite et a elle-même eu une fille.
« Maintenant, c’est moi qu’elle appelle maman »
Le Luxembourg – La poupée monte le son - Laura Thor
En 1965 le Luxembourg a remporté le concours avec la chanson Poupée de cire, poupée de son, interprétée par France Gall. La chanson était une critique de l’industrie de la musique, qui traitait les jeunes chanteuses comme des poupées.
Soixante ans plus tard Laura Thor lui rend hommage. Elle renverse l’image de la poupée, pour en faire une chanson engagée, féministe.
« Je ne suis pas ta marionnette...je prends les manettes. »
« Nouveau mode d’emploi, je peux tout faire sans toi. »
Les Pays-Bas - C’est la vie - Claude
Les Pays-Bas présentent une chanson bilingue français-anglais. Le chanteur d’origine congolaise, Claude, chante en français, sa langue maternelle et langue officielle du Congo.
Cela doit faire des envieux chez leurs voisins belges francophones, qui n’ont pas eu de chanson en français depuis 20 ans.
Dans C’est la vie, Claude rend hommage à sa mère, qui l’a guidé à travers les hauts et les bas de la vie. C’est une chanson émotive dont la musique alterne un rythme joyeux (les hauts) avec un autre plus lent (les bas).
Cette chanson est aussi une ballade, comme celle de Louane, mais plus tendre.
La chanson compare les relations humaines à des fleurs: il faut les arroser plutôt que les couper.
La mise en scène est très minimaliste, sans décor, et la robe de Zoë est sombre, presque noire, pour ne pas nous distraire de sa voix.
J’adore la mélodie de la chanson et la tendresse de Zoë Më.
La Suisse, douze points !